La Reine de cœur pour la Saint Valentin
« Il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler de l’amour. », Réflexions ou sentences et maximes morales, La Rochefoucauld
Comme des tisanes vous propose de passer une fête de la Saint Valentin de rêves avec un des personnages d’Alice au pays des merveilles, notre très chère Dame de cœur.

Judith et Holopherne, par Horace Vernet
La Reine de cœur est, nous pouvons le dire, un personnage qui aime faire tourner les têtes. Cette dame de cœur porte parfois le nom de Judith sur certaines cartes à jouer. Judith est l’héroïne de nombreuses histoires et légendes. Parmi celles-ci, nous pourrions penser que la Reine de cœur fait écho à l’héroïne du livre biblique, le Livre de Judith, qui raconte comment la veuve Judith sauve le peuple juif d’une invasion en décapitant le général assyrien, Holopherne. Cette histoire de femme libératrice a inspiré les peintres comme les auteurs littéraires, qui expriment tous à leur façon, plus ou moins grandiose, plus ou moins ironique, l’image qu’ils possèdent de la reine de courage, de passion, prête à défendre sa foi, ce qui lui tient à cœur.
C’est pourquoi la tisane La Reine de cœur contient des plantes médicinales avec des vertus stimulantes soutenant les activités cardiaques. En effet, nous avons choisi le tendre hibiscus qui est une plante tonifiante aux effets cardio-protecteurs pour se mêler à la délicate rose, fleur d’amour, qui soutient le cœur physique et émotionnel et aide à maintenir la qualité du sang. Quant au cynorhodon, cette rose sauvage, il soutient l’alerte énergique et contribue au bien-être physique. Ces propriétés nous semblent bien propices à la période de fête de la Saint Valentin. La tisane vous incite alors, à l’instar de Judith, à exprimer royalement les élans de vos cœurs.
La Saint Valentin marque une période pour affirmer ses sentiments, rendre grâce à ce qui nous est précieux. Même si nous ne savons pas vraiment qui est le saint patron des amoureux parmi les sept martyrs du nom de Valentin. Nous pouvons cependant rappeler que le 14 février renvoie à des fêtes anciennes : les Lupercales de la Rome antique qui se déroulaient du 13 au 15 février. Pour effacer ces pratiques païennes, l’Église aurait institué la fête de la Saint Valentin dédiée à exorciser le mal, le loup qui peut jaillir de l’homme sauvage sans croyance. Nous ne connaissons pas exactement les activités qu’imposait cette fête, mais il est dit qu’au XIIIe siècle, un cortège de jeune gens faisant partie de l’abbaye de Saint Valentin partait de Maché, un quartier de Chambéry, et se rendait jusqu’à l’église Saint Valentin de Bissy pour festoyer et danser. Nous nous éloignons de la chasse à l’infidèle et au démon, pour nous rapprocher doucement des festivités printanières souvent vouées à des rites de purification, de fertilité et des rencontres amoureuses.

Gravure au début des Cent Ballades d’amant et de dame de Christine de Pizan, British Library, Harvey, 4431, fol. 376
C’est vraiment à partir de la deuxième partie du XIVe siècle que la Saint Valentin devient la fête des amoureux, comme le montrent les poèmes d’Othon III de Grandson qui a notamment composé le Songe saint valentin qui présentait la coutume que nous connaissons encore aujourd’hui : « Chacun choisit à pair en son degré / Celui qui mieux lui vient à gré. ». Le talent de Othon III de Grandson est remarqué par Geoffrey Chaucer qui situe Le Parlement des oiseaux le jour de la Saint Valentin. Plus tard, Christine de Pizan, qui a également lu Othon III de Grandson, fait parler des amoureux au sujet de la Saint Valentin dans Cent ballades d’amant et de dame. Ces derniers promettent de s’aimer pendant un an – voire pour toujours – d’un amour infaillible. Les premiers mots de l’amant commence de cette façon : « Ce jour Saint Valentin, ma dame belle,/ Je vous coisy a dame pour l’année /Et pour tousjours sans que je m’en rappelle » . La dame lui répond : « Tres doulz amy, pour te faire grant joye, / Je te choisy, de rechief, et retien/A cestui jour Saint Valentin, ou proye /Prent voulentiers Amours; pour ce le mien/Cuer te redon; combien que, pieça, tien /Il estoit tout, je te le reconferme,/ Et te promés a amer d’amour ferme. »
Ainsi, la Saint Valentin est associée à la poésie, à la confession et à la promesse amoureuses, que ce soit par des mots ou quelques autres présents.
Ces histoires de mots et ces histoires d’amour, nous les retrouvons bien sûr dans Comme des tisanes et ses infusions créatives qui sont composées puis racontées avec le cœur.
Remerciements :
Nous tenons à remercier Jonathan Fruoco pour les conseils qu’il nous as donnés au sujet des sources textuelles sur la Saint Valentin. Ils nous ont été et seront d’une grande utilité.
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :
Christine de Pizan, Cent ballades d’amant et de dame, texte établi et présenté par Jacqueline Cerquiglini, Paris, Union générale d’éditions, 1982, 157 p.
Chaucer (Geoffrey), Les contes de Canterbury et autres œuvres, textes traduits et commentés par André Crépin, J.-J. Blanchot, F. Bourgne… [et al.] ; avec la collaboration d’Anne Wéry, Paris, R. Laffont, 2010, XLVI-1649 p.
Piaget (Arthur), Oton de Grandson, sa vie et ses poésies, Lausanne, Payot (Mémoires et documents publiés par la Société d’histoire de la Suisse romande, 3e série, 1), 1941, 496 p.
Walter (Philippe), La Mémoire du temps : fêtes et calendriers de Chrétien de Troyes à La Mort, Paris, Honoré Champion, 1989, 875 p.
Walter (Philippe), Mythologie chrétienne : fêtes, rites et mythes du Moyen Age, Paris, Imago, 2011, 228 p.
Sitographie indicative, pour plus d’enluminures : http://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/welcome.htm