Porter la lumière de la Chandeleur
« Rosée à la Chandeleur, l’hiver à sa dernière heure. »

Vitrail représentant Sainte Brigitte d’Irlande
La Chandeleur, fêtée le 2 février, possède des origines complexes, car de nombreuses célébrations sont situées au début du mois de février, telles que les Lupercales du 13 au 15 ou Imbolc, une fête celte marquant le 1er février comme une date appropriée pour la purification, voire la fécondité et qui est parfois interprétée comme le début du printemps. Notons aussi que le 3 février est le jour de la Saint Blaise, dont le nom veut dire « ours » : ce jour est réservé à la lutte des bêtes sauvages et au retour des temps plus chauds et plus heureux.
Le 2 février est aussi le jour de la Sainte Brigitte, sainte patronne de l’Irlande et peut-être d’Imbolc. Sous le nom de Brigitte se cache une image dans laquelle se confondent quelques fois Brigit, la déesse celte et Brigitte, la Sainte chrétienne. Cette dernière est connue pour ses miracles de création : elle aurait donné vie à des oiseaux. Cela laisse d’ailleurs penser que Brigitte ferait écho à une divinité plus ancienne appartenant au mythe des femmes-oiseaux.
« [Cérès] a allumé de ses deux mains aux feux de l’Etna des torches de pin et les porte sans relâche au milieu des ténèbres glacées. »
Les Métamorphoses, Livre V, Ovide

Cérès portant une torche sur un médaillon de Martial Reymond (XVIIe siècle)
La fête des chandelles, nous la trouvons d’abord dans la mythologie gréco-romaine sous les termes de festa candelarum qui commémorerait la recherche de la déesse-mère Déméter complètement éperdue à cause de l’enlèvement de sa fille, Perséphone, par Hadès, le Dieu des Enfers. Déméter a quitté les champs qu’elle protégeait et qu’elle rendait abondants afin de trouver sa fille. Elle a même parcouru le monde obscur d’Hadès, munie d’une torche. Après quelques négociations, il est convenu que Perséphone passe six mois auprès de sa mère sur Terre et six mois auprès d’Hadès, aux Enfers. Le retour de Perséphone, et de Déméter, sur Terre signe le retour de la végétation et le rythme des saisons. A travers ce mythe, Déméter se montre comme porteuse de blé et comme porteuse de flambeau – ce qui est souvent frappant dans les représentations visuelles où l’or du blé est tendu comme une torche enflammée.
Le mois de février est le mois pour se purifier, februare. Cette idée de purification, nous l’avons remarqué dans la culture celte, mais nous la voyons aussi dans la culture chrétienne.
Lá Fhélie Muire na g Coinneal : « le jour de la fête de Marie aux Chandelles » en irlandais

Présentation au Temple, ménologe de Basile II (XIe siècle)
Le 2 février représente dans la culture chrétienne la Fête de la Présentation de Jésus au Temple, ce qui correspond à la Fête de la Purification de la Vierge Marie. Cette purification paraît dans la bénédiction des cierges supposée éloigner le mal et rendre hommage à la lumière sainte. Les chrétiens emportaient les cierges dans leur foyer afin de se protéger des violences extérieures et d’accueillir les enseignements symbolisés par la lumière bénie. La Légende dorée de Jacques de Voragine explique clairement : « La Chandeleur a été instituée pour démontrer la pureté de la Vierge. Pour bien affirmer cette pureté aux yeux de tous, l’Église a ordonné que nous portions des cierges allumés, comme afin de dire : « Vierge bienheureuse, tu n’as pas besoin de purification, mais au contraire tu es toute lumière, toute pureté ! » (…) La procession de la Chandeleur symbolise celle que firent Marie, Joseph, Siméon et Anne, lorsqu’ils présentèrent au temple l’enfant Jésus. Enfin la Chandeleur a pour but notre instruction. Elle nous apprend que, si nous voulons être purifiés devant Dieu, nous devons posséder la foi sincère, l’action désintéressée, et l’intention droite. Car le cierge allumé représente la foi avec les bonnes œuvres. Et la mèche qui est cachée dans la cire représente l’intention droite, dont saint Grégoire nous dit : « Que vos œuvres soient publiques, mais que vos intentions demeurent cachées ! »»
Nous remarquons encore la pratique de purification avec des flambeaux au XVIe siècle, à Romans. Durant les fêtes agricoles, au milieu du mois de février, les enfants passaient avec des bâtons enflammés pour exterminer symboliquement les parasites des arbres fruitiers. A part ce rituel de purification, nous trouvions déjà dans le Dauphiné d’autres pratiques, notamment la confection des crêpes, la bénédiction de cierges pour se protéger de la foudre et des maléfices, et pour préserver les champs et les jardins des bêtes et plantes sauvages.
Pour la Chandeleur, Comme des tisanes espère aussi apporter sa lumière grâce à ses tisanes aux plantes vertueuses et ses histoires bienveillantes.
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :
« Chandeleur. » Wikipédia, l’encyclopédie libre. 15 déc 2016, 22:29 UTC. 19 jan 2017, 11:30 <http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Chandeleur&oldid=132747375>.
Jacques de Voragine, La Légende dorée, préface de Jacques Le Goff, édition publiée sous la direction d’Alain Boureau, avec Monique Goullet et la collaboration de Pascal Collomb, Laurence Moulinier et Stefano Mula., Paris, Gallimard, 2004, CXI-1549 p.
Ladurie (Emmanuel), Le Carnaval de Romans : de la Chandeleur au mercredi des Cendres : 1579-1580 Paris, Gallimard, 1986, 426 p.
Leroux (Françoise) et Guyonvarc’h (Christian-J.), Les fêtes celtiques, Rennes, Editions Ouest-France, 1995, 215 p.
Ovide, Les Métamorphoses, texte établi et traduit par Georges Lafaye, édition présentée et annotée par Jean-Pierre Néraudau Paris, Gallimard, 1992, 620 p.
Walter (Philippe), Mythologie chrétienne : fêtes, rites et mythes du Moyen Age, Paris, Imago, 2011, 228 p.